http://forum-famille.dalloz.fr/2017/09/14/pma-patriarcat-de-gauche-et-patriarcat-de-droite-bafouent-tous-deux-les-besoins-des-enfants/
PMA : patriarcat de gauche et patriarcat de droite bafouent
tous deux les besoins des enfants
14/09/2017CommenterAllez aux commentaires
En matière de procréation médicalement assistée, le seul
point de vue qui prenne réellement en compte en priorité les besoins et
intérêts des enfants est celui, tout à fait radical et très dur pour les
adultes, de l’Eglise catholique.
Elle dit aux adultes : si vous n’êtes pas prêts à vous
engager pour la vie, si vous ne pouvez pas donner naissance dans les conditions
idéales, si votre corps ne répond pas à votre désir conscient : les enfants que
vous feriez naître risqueraient de souffrir, donc renoncez à votre désir. Son
point de vue est parfaitement égalitaire : les adultes des deux sexes sont
traités à égalité.
Mais dès lors, l’Eglise paraît plutôt être dans une ligne
anti-vie : ne donnez pas la vie, dit-elle, si les bonnes conditions ne sont pas
réunies. Elle me paraît par là un peu trop radicale. J’avais contesté ce point de vue en demandant
: ces bébés désirés par leurs deux parents d’un commun accord : « laissez les naître ».
Cependant l’idéal qu’elle propose mérite en effet d’être
rappelé à la conscience des adultes, et il n’est pas « patriarcal ». Il ne fait
pas de l’enfant ni de la femme, ni de sa mère, les « choses » d’un homme.
Au contraire, tant la loi actuelle que la contestation par
la « droite conservatrice » de la réforme proposée par Emmanuel Macron, sont
bel et bien de type patriarcal. Et par là, en pratique, contraires aux besoins
de l’enfant.
La secrétaire d’Etat aux droits des femmes a raison : la loi
actuelle est discriminatoire en refusant la PMA aux femmes ne vivant pas en
couple hétéro. Elle est aussi bel et bien patriarcale. Car elle octroie aux
hommes le droit de perpétuer leurs gènes en bafouant le droit de l’enfant de
connaître ses origines, et refuse ce même droit aux femmes. Elle perpétue le
contrôle des femmes par les hommes.
La contestation de la réforme est un nième « haro sur les
mères », « haro sur les femmes libres ». Elles sont accusées de vouloir priver
l’enfant d’un père, et « faire un enfant toute seule ». On sent simplement sous ce reproche la furie
d’hommes qui voient le contrôle social des femmes leur échapper. Encourager cet
orgueil masculin ne sert en rien à faire des hommes de bons pères.
De son côté, la réforme de Macron relève d’un patriarcat «
progressiste ». Octroyer aux adultes des deux sexes le droit de priver l’enfant
de la connaissance de ses origines peut paraître égalitaire. Mais en réalité il
fait des femmes les victimes volontaires d’une irresponsabilité totale du «
géniteur », protégé par l’anonymat, envers sa progéniture.
Les adultes ne sont pas toujours dans les conditions idéales
pour mettre un enfant au monde. La PMA permet une naissance d’un enfant désiré
par ses deux parents biologiques : elle n’est pas une tragédie … Le père est
toujours « présent » en ce sens qu’il est celui qui eu la volonté de donner la
vie à l’enfant, même s’il ne l’élève pas, celui que les « parents sociaux »,
seraient elles deux femmes, peuvent décrire comme tel à l’enfant.
Le vrai problème de la PMA est l’anonymat, qui est au
service des patriarcats de droite comme de gauche. La priorité des défenseurs
des enfants devrait être d’y mettre fin.
La PMA avec « don de gamète » devrait être considérée comme
une forme de remise d’enfants à l’adoption plénière. Elle devrait entraîner la
renonciation totale aux droits parentaux du père ou de la mère génétique, au
profit des parents sociaux, mais pas une disparition du droit de l’enfant de
savoir qui il est, et en ce sens, pas un abandon total de l’enfant.
Elisseievna
Militante féministe universaliste
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